Quand la grippe résiste aux traitements

20119_une-grippe.jpg


Des spécialistes ont découvert, dans différents pays du monde, des souches du virus de la grippe saisonnière qui sont devenues naturellement résistantes à l'oseltamivir (Tamiflu*), le médicament des laboratoires Roche justement destiné à les combattre. Ils n'arrivent pas encore à expliquer ce phénomène, auquel une équipe française consacre un article dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) publié mardi.

Les premières données sur le sujet ont été rendues publiques fin janvier par l'European Centre for Disease Prevention and Control. Elles ont ensuite été actualisées dans les différents pays. Selon Vincent Enouf, du Centre national de référence des virus influenzae pour le nord de la France, la proportion de souches A(H1N1) naturellement résistantes à l'oseltamivir a été de 24 % en Europe, variant de 1 % en Italie à 67 % pour la Norvège. La France se situe en troisième position avec un taux d'environ 44 % alors que, jusqu'à présent, dans tous les pays, les taux de résistance ne dépassaient pas 1 %. Durant la surveillance, le taux de résistance a augmenté dans l'Hexagone, pour passer de 30 % fin novembre 2007 à près de 60 % fin février.

Les raisons de l'émergence de cette résistance restent "pour le moment inexpliquées", indiquent les chercheurs en soulignant que l'oseltamivir est très peu utilisé en France et que les souches sont toujours sensibles aux autres médicaments contre la grippe. "Même sans pression de sélection par les antiviraux, les virus grippaux sont en perpétuelle évolution, note Vincent Enouf. Il est possible qu'une souche résistante ait émergé spontanément ou chez un patient traité par l'oseltamivir et ait continué à se propager dans la collectivité." Bonne nouvelle quand même : d'après lui, l'infection par des virus résistants n'augmente ni la morbidité ni la mortalité des patients.
 
أعلى