Anomalies de la reproduction et cancers liés à la pollution

Anomalies de la reproduction et cancers pourraient être liés aux pollutions environnementales

Le nombre de spermatozoides chez les hommes est en chute très importante puisque depuis cinquante ans, selon une étude danoise déjà publiée en 1992 dans les journaux médicaux majeurs dont le New England Journal of Medicine et le British Medical Journal, le nombre de ceux-ci a diminué de 50 %.

A l'époque cette étude fut largement contestée et l'auteur le Dr Skaakkebaek de l'université de Copenhague confia alors ces résultats à un collégue aux Etats-Unis, le Dr Shanna Swan, professeur d'Obstétrique et de Gynécologie, et directrice du centre épidémiologique de la reproduction à l'université Berkeley de Californie , en vue de les analyser et d'apporter confirmation ou infirmation de ces résultats. Plusieurs collaborateurs et le Dr Swann après quatre mois de travail ont confirmé les résultats obtenus par l'auteur danois.

Actuellement on pense que la cause de cette diminution du nombre de spermatozoides serait la présence de nombreuses substances chimiques ( pesticides, phthalates...) contenues dans l'environnement. Ces substances se conduiraient comme des perturbateurs hormonaux et agiraient sur les embryons. Elle se retrouvent dans un nombre trés important de produits de consommation dont les pesticides, les peintures, les cosmétiques, les jouets, les plastiques et les contenants en plastique dont les biberons etc.

Ces produits pourraient agir à des doses infimes mais surtout pourraient avoir des actions cumulatives c'est-à-dire qu'un produit qui isolément aux doses retrouvées ne serait pas nocif ajouté à un autre produit similaire et éventuellement encore un autre produit similaire pourraient associés avoir des effets trés importants notamment comme perturbateurs hormonaux. En outre ces produits pourraient avoir des effets trés différents selon le moment de l'exposition. L'exposition à ces produits pendant la vie intra-utérine serait la plus nocive.

Le documentaire de TV Arte : Males en péril a mené une enquête dans différents services hospitaliers en Europe et aux Etats-Unis. Les différents intervenants sont répertoriés par ce lien : en cliquant vous pourrez en prendre connaissance .

Le travail des scientifiques est immense puisque selon le Dr Shanna Swan près de 85.000 produits seraient à étudier. Selon cet auteur on ne connait pratiquement rien sur ces substances notamment sur leur pouvoir cancérigéne, leurs actions sur le systéme reproducteur, le métabolisme etc. Tant l'homme que les animaux seraient piégés par ces molécules chimiques.

Chez l'homme le cancer des testicules, la stérilité masculine, la non descente des testicules et d'autres maladies comme l'hypospadias font partie du même tableau et ont une origine commune dans la vie foetale. Les observations chez les animaux sauvages vont dans le même sens.

Le Pr. Lou Guillette, professeur émérite de zoologie. Directeur du programme GATOR au département de zoologie, de l'université de Floride (Etats-Unis), a pu constater que les alligators présents dans certains lacs ont un taux de testostérone très faible, une taille réduite de leur pénis et des troubles du comportement. La seule constatation défavorable dans l'environnement fut que ces lacs avaient été contaminés par des insecticides. Ces produits injectés dans des oeufs sains ont abouti à ce que la descendance des alligators adultes vivant dans des zones saines soient atteints des mêmes affections que les alligators des zones polluées. Ces produits ont modifié le développement du pénis et des testicules en se comportant comme des hormones.

Le Pr. Tyrone B. Hayes, du département de biologie à l'Université de Californie, Berkeley (Etats-Unis), spécialiste des amphibiens, a constaté les effets délétères d'un herbicide chez ceux-ci. Les males exposés à l'herbicide atrazine sont devenus hermaphrodites. Des études complémentaires ont montré que les pesticides rendaient l'appareil reproducteur de ces animaux vulnérable, fragilisaient le système immunitaire et pouvaient participer à l'explication de la diminution de moitié des batraciens. D'autres chercheurs dans d'autres familles animales ont montré que le déclin de ces familles animales pouvait être expliqué de la même manière.

Les chercheurs ont pensé qu'il pouvait en être de même dans le monde humain. Le Dr Swann a comparé des environnements différents : villes et campagnes. Contrairement à l'hypothése de départ la qualité du sperme des habitants des villes rurales fut inférieure à celle des habitants des villes. L'analyse des urines des hommes de ces différents environnements a montré une différence importante de leur contenu en pesticides. La qualité des spermes a été retrouvée étre en relation inverse avec l'importance du contenu des urines en pesticides.

Ces pesticides perturbateurs endocriniens ne sont pas seuls en cause. On a retrouvé d'autres perturbateurs hormonaux dans différents matériaux comme les plastiques qui étaient supposés être inertes. Des composés tels le bisphénol A ont été retrouvés dans une cinquantaine de contenants en plastique comme notamment les bouteilles d'eau et les biberons etc... Une expérimentation avec le bisphénol chez des rattes en période de gestation a conduit à ce que 100% des embryons une fois devenus adultes ont développé des lésions précancéreuses. Le Dr Soto et ses collaborateurs qui ont conduit ces expérimentations en arrivent à se demander si l'explosion du nombre de cancers du sein chez la femme ne serait pas à mettre en relation avec les produits environnementaux se comportant comme perturbateurs endocriniens.

Parmi les produits les plus suspects actuellement, on trouve les phthalates qui sont des assouplissants des plastiques, des fixateurs de parfums et qui sont présents dans les cosmétiques, les emballages alimentaires, les jouets etc...

Selon d'autres chercheurs les sources les plus importantes en phthalates se retrouvant dans le corps humain sont les cosmétiques. Au nom des principes de précaution les autorités danoises recommandent aux futures mères de ne pas s'exposer à divers produits dont les cosmétiques, les teintures pour cheveux et les peintures. Les produits environnementaux pourraient étre à l'origine de nombreuses maladies chez l'adulte dont les cancers, les problémes immunitaires, le diabète etc.

Les effets des perturbateurs endocriniens sont devenus un enjeu de santé publique. L'union européenne vient de prendre diverses mesures de retrait de phthalates. Elle a également mis au point une directive nouvelle. La nouvelle réglementation chimique européenne a pour objectif d'offrir au public une meilleure protection vis-à-vis des substances chimiques. La réglementation REACH (enRegistrement, Evaluation et Autorisation des substances CHimiques) changera en profondeur la manière dont les substances chimiques sont gérées.

Reach est entrée en vigueur le 1er juin 2007. La Commission a déjà identifié 553 substances candidates à une évaluation plus poussée de leurs effets endocriniens. Ces produits sont en attente de données et de tests permettant véritablement de les évaluer. Le gouvernement canadien a annoncé un nouveau réglement visant à interdire l'importation et la vente de biberons en plastique qui contiennent du bisphénol A.

Il n'existe malheureusement pas au monde de législation qui prenne en compte l'interaction des différentes substances. On analyse toujours une seule molécule à la fois. Le laboratoire du professeur Ulla Hass, du département de toxicologie et d'évaluation des risques de l'Institut national danois de l'alimentation, a testé sur des rats un cocktail de deux pesticides et un phtalate. Le résultat est inquiétant. Selon le Dr Ulla Hass, ces trois substances ne posaient pas de problème injectées seules, injectées ensemble, elles ont un effet très net, quelle que soit la dose. Il faudra probablement de nombreuses années pour tester tous les mélanges possibles des milliers de substances considérées comme inquiétantes.

 
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