Le yaourt du futur sera aromatisé au vaccin

Un chercheur de la "Northwestern University Feinberg School of Medicine" (Illinois) a développé un nouveau vaccin oral en utilisant des bactéries que l'on trouve dans les yaourts et les fromages. Ces résultats publiés dans un numéro récent du "Proceedings of the National Academy of Science" ouvrent la voie au développement de vaccins à prise orale.

Une nouvelle génération de vaccins est en cours de développement en utilisant des souches de bactéries lactiques et notamment certains lactobacilles probiotiques [1]. Ils serviront à véhiculer le vaccin jusqu'à l'intestin [2]. A la différence de la plupart des vaccins qui sont constitués de protéines et ne conservent pas leur efficacité après digestion par l'estomac, les lactobacilles protègent le vaccin jusqu'à ce qu'il ait atteint l'intestin grêle. De plus, les probiotiques sont des stimulateurs immunitaires naturels et évitent l'utilisation d'adjuvant présent dans les vaccins traditionnels.

Ce produit chimique sert à augmenter l'efficacité du vaccin et à déclencher une réponse immunitaire locale, mais il peut parfois causer des effets secondaires tels que des étourdissements, des oedèmes du bras et des vomissements. Les lactobacilles ont également de nombreux avantages. Ils sont consommés sans danger depuis des siècles dans les aliments fermentés. Ainsi, ils peuvent être administrés par voie orale, sont bien tolérés et peuvent être fournis facilement et économiquement à de grandes populations.

Le Pr. Mohamadzadeh, professeur agrégé en gastro-entérologie à la "Feinberg School of Medicine " étudie l'immunité de la muqueuse intestinale et s'intéresse à l'un de ses composants cellulaires, les cellules dendritiques [3]. Il a modifié une souche particulière de lactobacille, appelé Lactobacillus acidophilus, pour qu'elle exprime un antigène du bacille du charbon (Bacillus anthracis) couplé à un peptide ciblant les cellules dendritiques.

Des souris ont été nourries avec ce nouveau vaccin puis exposées à des bacilles du charbon. Quatre-vingt pour cent des souris ont survécu, ce qui est comparable aux résultats obtenus avec des souris injectées par le vaccin contre le bacille du charbon. Il a été montré que cette réponse spécifique à l'antigène était due à l'activation des cellules dendritiques dans l'intestin des souris. Les cellules dendritiques ont absorbé le vaccin, délivré les antigènes aux cellules du système immunitaire (lymphocytes B et T), induit leur activation et leur prolifération.

Les cellules B et T ont ensuite éliminé les bacilles d'anthrax. "Le vaccin a induit chez les souris une réponse immunitaire locale et systémique meilleure que celle obtenue avec un vaccin injecté", indique le Pr. Mohamadzadeh. "Les souris ont généré beaucoup plus de cellules immunitaires B et T contre les bactéries pathogènes".

Le Pr. Mohamadzadeh explique (...) qu'"après avoir avalé le vaccin, les bactéries colonisent l'intestin et commencent à produire le vaccin, qui est rapidement distribué dans l'organisme. Si vous pouvez activer le système immunitaire au niveau de l'intestin, vous obtenez une réponse immunitaire beaucoup plus puissante que par une simple injection. Les bactéries pathogènes seront éliminées plus rapidement. C'est un progrès potentiel dans la délivrance des vaccins"

Pour le Dr Terrence Barrrett, professeur de gastro-entérologie à la "Feinberg School" (...) "l'administration d'un vaccin par l'intestin est la voie la plus naturelle. La nature n'a pas l'habitude de voir des antigènes injectés dans un muscle. Le lieu où le système immunitaire est conçu pour rencontrer les pathogènes et se défendre est : l'intestin". Cette nouvelle génération de vaccins offre de nombreux avantages en plus de l'élimination de "la peur de la piqûre". La délivrance du vaccin au niveau de l'intestin, plutôt que l'injection dans un muscle, exploite la pleine puissance du premier organe immunitaire de notre organisme.

La technologie vaccinale de Mohamadzadeh peut être appliquée à de nombreuses autres maladies. Actuellement, il élabore un vaccin oral contre le cancer du sein en utilisant aussi des probiotiques. Le vaccin utilisera l'antigène Her2/neu, une protéine produite par les cellules tumorales du sein. De plus, il a mis au point un vaccin "multi-tâches" contre le cancer du sein, du côlon et du pancréas qui sera bientôt testé sur des souris modèles. La technologie pourrait également être utilisée pour développer un vaccin probiotique contre le VIH, l'hépatite C et la grippe.


 
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