Gestion de l'asthme au quotidien : ce qui compte vraiment

Vienne, 13 septembre 2009 : cette année, au cours du congrès annuel de la société européenne de pneumologie (ERS) à Vienne en Autriche, le Prof. Meinhard Kneußl, de Vienne en Autriche, et son collègue, le Prof. Richard Dekhuijzen, de Nijmegen aux Pays-Bas, représentant l’Aerosol Drug Management Improvement Team1 (ADMIT), ont présidé la soirée symposium, répondu aux questions concernant les paramètres décisifs dans le traitement de l’asthme dans la vie de tous les jours et l’obtention du meilleur contrôle possible de la maladie. Le Prof. Dekhuijzen a expliqué que l’on observe une grande différence entre les résultats des études cliniques contrôlées et la réalité et qu’en conséquence, toutes les conclusions ne peuvent pas être appliquées aux patients dans la vie réelle. Ces différences ont été mises en évidence par plusieurs études concernant les conditions de la vie quotidienne des patients asthmatiques, notamment l’étude Asthma Insights and Reality in Europe study2 (AIRE), qui démontre que 95 % des patients souffrant d’asthme en Europe ne contrôlent pas suffisamment leur maladie malgré l’existence de médicaments puissants et d’inhalateurs efficaces et que 39 % de ces patients continuent d’avoir besoin de consultations d’urgence. Afin d’améliorer les résultats du traitement, le Prof. Dekhuijzen a conclu que le médecin généraliste moderne devait poser cinq questions importantes appelées les questions ABCDE : 1) S’agit-il vraiment d’asthme ? 2) Tous les facteurs de déclenchement bronchique sont-ils connus ? 3) L’observance thérapeutique est-elle suffisante ? 4) L’inhalateur est-il utilisé correctement ? et enfin 5) Permet-il d’atteindre toutes les voies respiratoires, jusqu’aux plus petites ?
Le Prof. Bateman, de Cape Town, en RSA, a expliqué que dans la vie réelle, de nombreux facteurs peuvent avoir une influence sur le succès du traitement : il s’agit par exemple des habitudes de tabagisme du patient ou des facteurs de co-morbidité tels que le reflux ou la rhino-sinusite. D’autre part, il a expliqué que des tests de dépistage spéciaux sont nécessaires pour exclure d’autres facteurs tels que la MPOC. Enfin, il convient de déterminer les facteurs de déclenchement bronchiques jouant un rôle prépondérant.
Le Prof. Partridge de Londres, au Royaume-Uni, s’est penché sur ce que le médecin généraliste doit apporter à son patient au-delà de la prescription de médicaments. Les généralistes d’aujourd’hui doivent envisager d’agir davantage comme des prestataires de services dans leur relation avec ses patients en impliquant plus les patients dans le déroulement de leur traitement. Un patient bien informé présentera une persévérance suffisante dans la thérapie et sera mieux à même d’autogérer sa maladie. De plus, le prof. Partridge a reporté de très bons résultats obtenus par des appels téléphoniques de suivi passés aux patients. Réclamant des soins plus personnalisés, pour lesquels le médecin accorde davantage d‘attention aux besoins de son patient, élargissant l’interaction généraliste-patient, il a résumé son intervention par la phrase : « Traitez votre patient comme vous souhaitez être traité ! »
Le prof. Virchow de Rostock, en Allemagne, a mis en évidence le fait qu’avec l’asthme, toutes les voies respiratoires sont affectées ; il a donc précisé que les médicaments ne doivent pas seulement atteindre les voies respiratoires majeures mais toutes les voies respiratoires ! Il a souligné qu’une grande étude a été conduite en Bavière, en Allemagne, montrant que seuls 61 % des patients reçoivent un traitement pharmacologique et que si un médicament a été prescrit, la majorité des patients n’adhère que les deux premiers mois au traitement médicamenteux ou ne l’applique pas de façon continue. L’observance, notamment des traitements aux stéroïdes, reste relativement faible. Enfin, la mauvaise utilisation des appareils d’inhalation représente elle aussi un obstacle. Il existe des inhalateurs efficaces sur le marché, délivrant les médicaments de façon fiable à toutes les voies respiratoires. La formation à la technique d’inhalation pour tous les utilisateurs reste cependant obligatoire pour obtenir des résultats optimaux en matière de traitement.
L’importance et le rôle décisif de l’inhalateur dans le succès du traitement ont été démontrés par le Dr Federico Lavorini de Florence, en Italie, lui aussi un membre important de l’ADMIT. Dans son intervention, intitulée : « L’inhalateur : ami ou ennemi ? », il a clairement expliqué que parmi les différents groupes d’inhalateurs, l’aérosol doseur pressurisé, démodé mais encore largement utilisé, est l’inhalateur le plus compliqué à utiliser et présente de faibles taux de dépôt du médicament dans les poumons. Les inhalateurs de poudre sèche (DPS) par contre, sont simples à utiliser puisqu’ils ne requièrent pas la coordination entre l’inspiration du patient et le déclenchement de l’inhalateur ; de plus, ils se distinguent par leur fort taux de dépôt dans les poumons sans entraîner le blocage réflexe de l’inspiration par impaction de l’aérosol au niveau de l’oropharynx, appelé « cold freon effect ». Mis à part les dispositifs d’inhalation activés par la respiration (Breath Activated Inhaler ou BAI), d’autres options sont disponibles, telles que les nébuliseurs et les inhalateurs de nouvelle génération soft mist. Le Dr. Lavorini a insisté sur l’importance du choix du bon inhalateur par le médecin généraliste en fonction des besoins du patient et de leur capacité à utiliser correctement cet ustensile. Le groupe ADMIT est à la recherche de l’excellence en matière de technique d’inhalation. Cette excellence ne peut être atteinte qu’avec une formation appropriée et répétée. D’un autre côté, une mauvaise utilisation de l’inhalateur entraîne une diminution du dépôt de médicament dans les poumons et donc un moindre contrôle de la maladie.
Malgré tout, Lavorini précise qu’il est nécessaire de choisir un inhalateur qui satisfasse aux critères suivants : l’inhalateur doit être facile à utiliser, disposer de signaux de retour d’information confirmant la bonne inhalation et fournir une dose conséquente de médicaments aux poumons. Il ne doit pas nécessiter de coordination trop poussée ni de besoins en maintenance importants. La préférence et l’acceptation du patient sont également à prendre en compte puisqu’elles peuvent avoir une implication dans l’observance du traitement, assurant un meilleur contrôle de l’asthme. La formation continue et répétée des professionnels de la santé comme des patients sur la bonne technique d’inhalation est essentielle
 
أعلى